I Je suis l'être incliné qui jette ce qu'il pense;Qui demande à la nuit le secret du silence;Dont la brume emplit l'oeil;Dans une ombre sans fond mes paroles descendent,Et les choses sur qui ...
Dites, pourquoi, dans l'insondableAu mur d'airain,Dans l'obscurité formidableDu ciel serein,Pourquoi, dans ce grand sanctuaireSourd et béni,Pourquoi, sous l'immense suaireDe l'infini,Enfouir vos ...
J'avais devant les yeux les ténèbres. L'abîmeQui n'a pas de rivage et qui n'a pas de cime,Etait là, morne, immense; et rien n'y remuait.Je me sentais perdu dans l'infini muet.Au fond, à travers ...
Il ne me convient point, barons de Catalogne,lorsque je porterai mon âme à Lucifer,qu'on traite ma dépouille ainsi que la charogned'un employé de banque ou de chemins de fer; que mon enterrement ...
Je vis un ange blanc qui passait sur ma tête;Son vol éblouissant apaisait la tempête,Et faisait taire au loin la mer pleine de bruit.- Qu'est-ce que tu viens faire, ange, dans cette nuit?Lui ...
Dans la ville endormie dansent des ombres noires, Compagnes bienvenues de ma sinistre humeur. Les tempêtes des ans ont ravagé mon cœur, Dévasté mon esprit et lavé ma mémoire. Je croise des ...
J'ai avalé une fameuse gorgée de poison. - Trois fois béni soit le conseil qui m'est arrivé ! - Les entrailles me brûlent. La violence du venin tord mes membres, me rend difforme, me terrasse. Je ...
Dieu. est mort! le ciel est vide... Pleurez! enfants, vous n'avez plus de père Jean-Paul. I Quand le Seigneur, levant au ciel ses maigres bras, Sous les arbres sacrés, comme font les poètes, Se ...
Avez-vous contemplé l'hymen plein de mystère Des astres amoureux des fleurs de notre terre, Dans une de ces nuits où le sylphe Ariel Semble avoir répandu son haleine de miel ? Les constellations, ...
Sur ton corps j’aimerai dessiner : Les marguerites et des abeilles, Les marées hautes et les soleils Des poèmes fabriqués de tes pensées, Qui longent tes courbes et tes vallées… Tracer des ...
Entre dans mon royaume, envahis mon empire.La grande salle a des colonnes de porphyre…Nous y célébrerons les lumineux festinsEt nous réjouirons avec les morts hautainsEt les mortes charmantes. Les ...
Je place sous la protection des violettesMes adorations très humblement muettes…O vous les violettes ! Vous qui savez, par la puissance du parfum,Evoquer telle voix, et tel long regard ...
La Parque si terrible A tous les animaux, Plus ne me semble horrible, Car le moindre des maux, Qui m'ont fait si dolent, Est bien plus violent.Comme d'une fontaine Mes yeux sont dégouttants, Ma ...
Dans un vague terrible et souffrant, chaque forme, Comme sous le brouillard les bras nus d'un vieil orme, Se dresse et s'agrandit sur ces champs de douleur, Où l'être et le fantôme ont la même ...
Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser Dans tes cheveux impurs une triste tempête Sous l'incurable ennui que verse mon baiser: Je demande ...
Je ne sais pas si je sais vivre.Plusieurs fois chaque jour je devrais arrêterL'instant qui se faufile et fuit,Et désespérément me cramponner à lui.Je devrais serrer sur mon coeurLes voluptés que ...
Dans l'air éclairciQuand déjà la consolation de la roséeDescend sur la terreSans qu'on la voie, sans qu'on l'entendeCar la rosée consolation porteDe fines chaussures, comme tous ceux dont la ...
je suis en même temps et de glace et de flamme, La crainte et le désir accompagnent mes pas,Ma peine a ses plaisirs, mon mal a ses appas Et ma propre douleur me tient lieu de dictame.En cet ...
oh ! quel rêve !... - J'ai cru que Tout songeait à Moi, J'ai dit que j'existais, j'ai demandé pourquoi ; J'ai hurlé que les cieux me rendissent des comptes ! Ô Loi, sereine Loi, j'ai voulu que tu ...
tu me parles du fond d'un rêveComme une âme parle aux vivants. Comme l'écume de la grève, Ta robe flotte dans les vents.Je suis l'algue des flots sans nombre, Le captif du destin vainqueur ;Je ...
je voudrais que la nuit fût opaque et figée, Définitive et sourde, une nuit d'hypogée ;J'oserais approcher, soudainement hardi, De la femme pour qui je suis un grain de sable, Et d'un mot lui ...
Ils ont inventé l'âme afin que l'on abaisse Le corps, unique lieu de rêve et de raison, Asile du désir, de l'image et des sons, Et par qui tout est mort dès le moment qu'il cesse. Ils nous ...
Il est pour la pensée une heure... une heure sainte,Alors que, s'enfuyant de la céleste enceinte,De l'absence du jour pour consoler les cieux,Le crépuscule aux monts prolonge ses adieux.On voit à ...
En la forêt d'Ennuyeuse Tristesse,Un jour m'advint qu'à part moi cheminais,Si rencontrai l'Amoureuse DéesseQui m'appela, demandant où j'allais.Je répondis que, par Fortune, étaisMis en exil en ce ...
laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume Cache un front inégal sous un cercle de brume, L'heure où l'astre géant rougit et disparaît. Le grand bois jaunissant dore seul la colline. On ...
Las ! cettui jour, pourquoi l'ai-je dû voir, Puisque ses yeux allaient ardre mon âme ?Doncques, Amour, faut-il que par ta flammeSoit transmué notre heur en désespoir ! Si on savait d'aventure ...
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie.J'ai chaud extrême en endurant froidure ;La vie m'est et trop molle et trop dure.J'ai grands ennuis entremêlés de joie. Tout à un coup je ris et je ...
Ô longs désirs, ô espérances vaines,Tristes soupirs et larmes coutumièresA engendrer de moi maintes rivières,Dont mes deux yeux sont sources et fontaines ! Ô cruautés, ô durtés inhumaines,Piteux ...
Naître avec le printemps, mourir avec les roses,Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur,Secouant, ...
Silencieux, les poings aux dents, le dos ployé, Enveloppé du noir manteau de ses deux ailes, Sur un pic hérissé de neiges éternelles, Une nuit s'arrêta l'antique foudroyé. La terre prolongeait en ...
Quand je remettrai mon ardoise au néantun de ces prochains jours,il ne me ricanera pas à la gueule.Mes chiffres ne sont pas faux,ils font un zéro pur.Viens mon fils, dira-t-il de ses dents ...
Il dissipe le jour,Il montre aux hommes les images déliées de l'apparence,Il enlève aux hommes la possibilité de se distraire.Il est dur comme la pierre,La pierre informe,La pierre du mouvement et ...
Si sévèrement que les gens me jugent, ils ne savent pas que je me suis jugé avec encore plus de sévérité, ils se moquent de moi et ignorent que je me moque d’eux encore plus. Je déteste et le ...
IRegardez-les passer, ces couples éphémères !Dans les bras l'un de l'autre enlacés un moment,Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,Font le même serment :Toujours ! Un mot hardi que les ...
Soupirs épars, sanglots en l'air perdus,Témoins piteux des douleurs de ma gêne,Regrets tranchants avortés de ma peine,Et vous, mes yeux, en mes larmes fondus,Désirs tremblants, mes pensers ...
Solitude au grand coeur encombré par des glaces,Comment me pourrais-tu donner cette chaleurQui te manque et dont le regret nous embarrasseEt vient nous faire peur? Va-t'en, nous ne saurions rien ...
Jamais je n'ai fermé les yeuxmalgré les vertiges sucrés des euphoriesmême quand mes yeux sentaient le roussiou en butte aux rafales montantes des chagrins Car je trempe jusqu'à la moelle des ...
J'attends. Le vent gémit. Le soir vient. L'heure sonne.Mon cœur impatient s'émeut. Rien ni personne.J'attends, les yeux fermés pour ne pas voir le tempsPasser en déployant les ténèbres. ...
Quand, rêvant de la morte et du boudoir absent, Je me sens tenaillé des fatigues physiques, Assis au fauteuil noir, près de mon chat persan, J'aime à m'inoculer de bizarres musiques, Sous les ...