Qui donc est au dedans, en plus de moi ? Ou peut-être n'y suis-je pas, peut-être ai-je laissé la place pour qu'un autre me dicte ? S'il en est ainsi, peu importe que la dictée personne ne la ...
L'automne éblouit ici. Annie vit parmi cet embrasement, froide et reposée, presque indifférente, et je m'en indigne. Casamène est perché sur l'épaule ronde d'une petite montagne crépue de chênes ...
O géraniums, ô digitales… Celles-ci fusant des bois-taillis, ceux-là en rampe allumée au long de la terrasse, c'est de votre reflet que ma joue d'enfant reçue un don vermeil. Car « Sido » aimait ...
Sous nos yeux, le mimosa-sensitive, pour tromper l'agresseur, plie tous ses coudes de ramilles, abat ses aisselles de feuilles et ne livre qu'une dépouille évanouie. Un à un tombent les secrets ...
Ne me touche pas! j'ai chaud... Ecarte-toi de moi! Mais ne reste pas ainsi debout sur le seuil : tu arrêtes, tu me voles le faible souffle qui bat de la fenêtre à la porte, comme un lourd oiseau ...
Toutes choses sont identiques en essence, et l'univers est la manifestation de l'unique Cause ultime. Celui qui n'a pas vu les Himâlayas les imagine comme une seule montagne, mais quand il s'en ...
La Belle au Bois dormait. Cendrillon sommeillait. Madame Barbe-bleue ? elle attendait ses frères ; Et le petit Poucet, loin de l'ogre si laid, Se reposait sur l'herbe en chantant des prières. ...
Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés. Chacun d'eux portait ...
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans ...
Take heed, dear heartOnce apart, she can touch nor me nor youDressed as oneA wolf will betray a lamb Lead astray the gazersThe razors on your seducing skinIn the meadow of sinful thoughtsEvery ...
C'est assez, mes désirs, qu'un aveugle penser,Trop peu discrètement vous ait fait adresserAu plus haut objet de la terre ;Quittez cette poursuite, et vous ressouvenezQu'on ne voit jamais le ...
Pour soulever un poids si lourd, Sisyphe, il faudrait ton courage ! Bien qu'on ait du cœur à l'ouvrage, L'art est long et le temps est court. Loin des sépultures célèbres, Vers un cimetière isolé, ...
Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu'elle s'interdit. (Oscar Wilde)
Tombez, larmes silencieuses,Sur une terre sans pitié; Non plus entre des mains pieuses, Ni sur le sein de l'amitié ! Tombez comme une aride pluie Qui rejaillit sur le rocher, Que nul rayon du ciel ...
Pour un homme (désireux de devenir un parfait adulte), il n'y a qu'une seule tâche à effectuer : être indépendant et libre en toutes choses. Quand cette liberté est totale, c'est la perfection de ...
Pour le sentir présent nous n'avons plus à regarder l'arbre sur la crête : sans lui le ciel serait immense, il ne serait pas épanoui. Et ce poème, les heures qui suivent sa lecture ne nous ...
C'était vers le déclin d'un jour de canicule,Juste dans le premier instant du crépusculeQue la brise engourdie attend pour s'échapper,L'oiseau pour se tapir, le crapaud pour ramper,Où la fleur se ...
Comme un exilé du vieux thème,J’ai descendu ton escalier ;Mais ce qu’a lié l’Amour même,Le temps ne peut le délier. Chaque soir quand ton corps se coucheDans ton lit qui n’est plus à moi,Tes ...
À Mademoiselle A. H. Le silence est l’âme des chosesQui veulent garder leur secret.Il s’en va quand le jour paraît,Et revient dans les couchants roses. Il guérit des longues névroses,De la rancune ...
Lorsque la pluie, ainsi qu'un immense écheveau Brouillant à l'infini ses longs fils d'eau glacée, Tombe d'un ciel funèbre et noir comme un caveau Sur Paris, la Babel hurlante et ...
La très-chère était nue, et, connaissant mon coeur, Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores, Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des ...
La principale femme ayant compté dans la vie de Renée Vivien fut Natalie Barney. Leur relation débuta en 1899. Les deux femmes ont des goûts assez différents : Nathalie est clairement une mangeuse ...
Lettre n° 9, 1904 "Ecrivez-moi encore, encore… Je bois vos paroles comme si je les aspirais sur vos lèvres.Vous ne me connaissez point encore, ma Douceur, et déjà vous me jugez mal. Je ne suis ...
En lieu et place de la plainte d'une origine perdue, Supervielle s'est donné les moyens de réécrire « la fable du monde » et donc de transposer dans la Genèse même de la réalité sa propre ...
Encore frissonnantSous la peau des ténèbresTous les matins je doisRecomposer un hommeAvec tout ce mélangeDe mes jours précédentsEt le peu qui me resteDe mes jours à venir.Me voici tout entier,Je ...
Sous la chétive pesée de nos regards, le ciel nocturne est là, avec ses profondeurs, creusant nuit et jour de nouveaux abîmes, avec ses étincelants secrets, sa coupole de vertiges. Et nous ...
Quand dorment les soleils sous nos humbles manteauxDans l’univers obscur qui forme notre corps,Les nerfs qui voient en nous ce que nos yeux ignorentNous précèdent au fond de notre chair plus ...
Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l'abysse, l'abysse le scrute à son tour. ...
Vos cœurs connaissent en silence les secrets des jours et des nuits. Mais vos oreilles se languissent d'entendre la voix de la connaissance en vos cœurs. Vous voudriez savoir avec des mots ce que ...
Une Idée, une Forme, un Être Parti de l'azur et tombé Dans un Styx bourbeux et plombé Où nul oeil du Ciel ne pénètre ;Un Ange, imprudent voyageur Qu'a tenté l'amour du difforme, Au fond d'un ...
Argile toujours vierge, inburinable airain, Magicien masqué plus tyran que la femme, Art ! Terrible envoûteur qui martyrise l'âme, Railleur mystérieux de l'esprit pèlerin !Il n'est pas de poète ...
Viande, sourcils, cheveux, ma bière et mon linceul, La tombe a tout manié : sa besogne est finie ; Et dans mon souterrain je vieillis seul à seul Avec l'affreux silence et la froide insomnie.Mon ...
On a trempé notre plume dans notre envie de changer de visionDe prendre une route parallèle, comme une furtive évasionOn a trempé notre plume et est-ce vraiment une hérésieDe se dire qu'on assume ...
La Nuit approbatrice allume les onyx De ses ongles au pur Crime, lampadophore, Du Soir aboli par le vespéral Phoenix De qui la cendre n'a de cinéraire amphore Sur des consoles, en le noir Salon : ...